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Témoignages d’une étudiante et d’une enseignante sur la lutt

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Témoignages d’une étudiante et d’une enseignante sur la lutt Empty Témoignages d’une étudiante et d’une enseignante sur la lutt

Message  Julien-Vauban Mar 18 Déc - 22:32

Témoignages d’une étudiante et d’une enseignante sur la lutte à Lyon 2

Publié mardi 18 décembre 2007


Témoignage d’une étudiante


Je suis étudiante en première année de psychologie à l’université Lyon 2 sur le campus de Bron et je voulais vous mettre en alerte sur la situation de mon université et plus particulièrement celle de mon campus....

Le lundi 12 novembre il a été organisé une assemblée générale réunissant plus de 2 000 personnes et ayant comme sujet la loi Pécresse entre autre. A la fin de cette AG comme convenu nous avons voté les propositions : celle du blocage comme moyen de combat a l’unanimité. Cela dura 3 semaines avec chaque lundi une écrasante majorité pour le blocage. Il y eut au cours de cette période d’action un vote électronique organisé uniquement par l’université sur la reprise des cours, il fut bien évidemment boycotté et donc refusé par les étudiants lucides face à la supercherie.

A l’assemblée générale du lundi 26 novembre il fut voté pour la semaine prochaine un petit changement en ce qui concerne la modalité du vote. Celui-ci serait organisé à bulletin secret par les étudiants. Mais la décision de la direction de l’université fut autre. Elle décida d’organiser son propre vote à bulletin secret le lundi 3 décembre excluant tout étudiant de l’organisation. Les résultats de ce vote fut apparemment : 86% pour la reprise des cours contre 14% pour le blocage. Les cours devraient donc reprendre normalement à partir du mardi 4 décembre. Néanmoins ce que la présidence s’abstient de mettre en avant c’est qu’il n’y eut que 15% de votants.

Les étudiants se sentant bafoués réalisèrent tout de même le vote à bulletin secret du lundi 3 décembre qui avait été décidé la semaine précédente en AG. Le blocage fut donc reconduit pour nous tous.

J’en arrive au plus grave, la semaine qui suit ces deux votes bien distincts.

Dès le mardi 4 décembre au matin, une "bataille" s’entreprend entre une soixantaine de CRS "armés jusqu’aux dents" contre quelques centaines d’étudiants "armés de rien du tout" pour défendre leurs opinions et surtout leur avenir, ainsi que celui des autres. Les CRS rendent possible l’accès à l’entrée de la faculté en faisant quelque peu usage de la force, évidemment nécessaire face à un tel danger que sont des gamins d’une vingtaine d’années au grand cœur. Et ce déblayage d’étudiants par la force se produit tous les matins durant toute cette semaine. Il est donc possible d’assister à un certain nombre de cours dans les rares cas où les professeurs n’ont pas fait valoir leur "droit de retrait" qui leur permettent de ne pas exercer leurs métiers dans n’importe quelles circonstances.

Pour faire partie des rares étudiants qui entrent dans la faculté par une "haie d’honneur" faite par les CRS, il faut pouvoir accepter le fait que des représentants de l’armée "chahutent" des jeunes étudiants qui se battent pour leur avenir et celui de leurs (éventuels) enfants.
D’autant plus qu’un nombre réduit d’entrées sont ouvertes avec à chacune d’elles des "chiens de gardes de l’État" que sont les CRS pour vérifier l’appartenance à l’université de ceux qui n’ont pas de problème avec leur conscience. Il faut donc présenter ou sa carte d’étudiant ou son certificat de scolarité pour rentrer dans un lieu dit "d’étude".

Aujourd’hui jeudi 6 décembre comme tous les jours je me rends à l’université pour admirer la situation aberrante et disproportionnée de mes propres yeux. J’aperçois un de mes professeurs au milieu d’étudiants grévistes avec qui j’entreprends de discuter. Son sujet de frustration du jour est de recevoir des mails de la présidence qui disent que la situation est redevenue normale. Est-ce normal de pouvoir comparer notre université a une prison ? Je ne crois pas. De plus j’apprends que la présidence refuse tout dialogue aussi bien avec les élèves qu’avec les professeurs. Comment cela va se terminer ? Je me le demande. En tout cas, en ce qui me concerne, je n’aurai peut-être pas mon semestre mais ma conscience sera tranquille.

Une étudiante.




Témoignage d’une enseignante sur la répression à Lyon 2

Lettre d’une enseignante de Lyon 2 indignée par la brutalité des vigiles présents dans la fac, la répression policière, la présence des RG sur le campus et la militarisation de celui-ci.

Ma fac (Lyon 2) s’enfonce tous les jours un peu plus dans le mépris des étudiants et dans une logique policière qui m’inquiète profondément. Les médias ne nous suivent pas, ne relayent rien, s’autocensurent ou se font censurer.

Tout a commencé avec la Loi Pécresse de réforme des Universités, signée dans la précipitation cet été par le président de la fac, Monsieur Journès. Certains étudiants et enseignants s’opposent à cette loi. Les étudiants ont choisi le blocage de l’Université comme mode d’action. On peut être pour ou contre, je ne suis pas sûre que ce choix ait rendu service aux manifestants et à leur image mais aujourd’hui, à la limite, peu importe. On a, pour l’instant, dépassé ce débat.

Depuis quelques jours, le président de l’Université a fait appel aux "forces de l’ordre" : des vigiles privés, très jeunes, non asermentés, arrogants et dépassés par les événements, patrouillent dans la fac avec au bras un brassard orange marqué "sécurité". Ils apostrophent tout le monde, tutoient tout le monde, et nous demandent de justifier de notre présence dans l’Université en montrant notre carte "cumul" (une carte magnétique d’étudiant ou d’enseignant qui sert aussi de carte de bibliothèque et de carte... de paiement dans l’enceinte de la fac... ce qui, en soit, ne me plaît déjà pas beaucoup). Il semble bon de rappeler qu’une Université est, selon la loi, un "établissement public à vocation scientifique et culturelle"...

Les étudiants qui manifestaient scandaient à l’encontre des vigiles, hier matin : "Voyous, racailles." Car certains d’entre eux s’amusent à retenir les étudiantes pour les draguer, d’autres en sont venus aux mains avec des étudiants de leur âge, une étudiante a été "étranglée" avec son écharpe pour qu’elle dégage un passage. A l’entrée principale du campus de Bron, et rue Chevreul sur le campus des quais du Rhône, dès 7h30 le matin, tous les jours, les CRS arrivent pour déloger les étudiants qui protestent. Neuf cars de CRS devant le campus de Bron, 9 cars de CRS devant le campus des quais du Rhône. Ils sont, régulièrement, soutenus par la gendarmerie mobile. J’étais là, hier matin. (jeudi 6 décembre, voir un article ici)

Deux de mes étudiantes m’avaient dit avoir été "molestées" par les CRS la veille et voulaient que j’en sois témoin. Eh bien oui, ils les plaquent au sol, les jettent plus loin, les matraquent dans le ventre et sur la tête. Sur les quais, hier, deux leaders syndicaux étudiants (un de Lyon 2, l’autre de Lyon 3) ont été désignés du doigt par des policiers en civil avant d’être poursuivis dans une rue adjacente par les CRS. Ce qui signifie, nous sommes d’accord, qu’un travail préalable "d’information" a été effectué et que ces arrestations sont ciblées pour détruire les mouvements syndicaux. Les deux hommes sont en garde-à-vue et devraient être déférés à la Justice aujourd’hui même (donc : il existe désormais des comparutions immédiates pour les manifestants, vous serez prévenus). Dans un communiqué odieux et mensonger, la présidence de la fac dit qu’ils sont "extérieurs à l’Université" et que ces arrestations sont survenues après des troubles. Il n’y a pas eu de troubles autres que la manifestation pacifique, nous sommes plusieurs enseigants à en être témoins. Un étudiant a été blessé et, une fois aux Urgences, a hérité de douze points de suture sur le crâne. Des étudiants ont été mis en joue au flashball.

Des policiers en civils sont toujours là, dont un homme sur mon campus : il porte une grosse doudoune noire, un talkie-walkie dans une poche, un appareil photo dans l’autre. Lui et ses camarades filment longuement les manifestants. S’ils ont effectivement été convoqués par le président de l’Université dans le seul but de permettre aux étudiants qui veulent suivre les cours d’entrer dans la fac, pourquoi filment-ils ? Doit-on ajouter la DGSE à la liste des membres du personnel de l’université ? De notre côté, enseignants ou étudiants, ils nous empêchent un maximum de filmer. Ce qui siginifie que les images disponibles sur internet ne sont pas à la hauteur de la réalité.

Face à cette situation, plusieurs enseignants, dont je suis, ont refusé de faire cours.
Je refuse d’entrer dans une fac investie de forces de police, de gendarmerie et de vigiles privés non assermentés.
Je refuse de montrer des papiers d’identité pour me rendre sur mon lieu de travail. Je refuse de me faire bousculer par des CRS.
Je refuse de me faire tutoyer avec mépris par des individus que je ne connais pas.
Je refuse d’entendre un vigile insulter un de mes collègues (pourtant munis du sac en cuir typique de l’enseignant, pourtant plus honorable que moi dans l’allure avec ses cheveux blancs) en lui disant "J’vais t’fumer toi, j’vais t’fumer."

Nous ne sommes pas, que je sache, dans un état policier. Ou alors il faut nous le dire clairement, parce que cela signifie que les règles du jeu ont changé. Je croyais que l’on avait le droit de grève dans notre pays., Je crois que ce qui m’inquiète le plus, c’est de recevoir des communiqués de la Présidence affirmant que la situation est désormais "normale".

Si cette sitution est normale, je démissionne.


D’autre part, pour permettre l’action des ces policiers, militaires et vigiles, toutes les sorties de sécurité sont bloquées. Certains enseignants et étudiants s’obstinent à faire cours dans une ambiance délétère et dangereuse. Ce qu’ils risquent purement et simplement, en cas d’incendie, c’est de brûler vifs dans des locaux qui sont déjà vétustes.

Une enseignante.
Julien-Vauban
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